L’émotion a un fondement biologique
Elle surgit dans un instant d’inconscience, de divorce d’avec soi, à notre insu en un éclair. En effet, on ne met pas un an à tomber malade ou à tomber d’une échelle ou encore à tomber amoureuse puis à tomber enceinte ! Cela prend une fraction de seconde. Cela arrive en un lieu et en un temps précis qu’il s’agira toujours de retrouver.
Pourquoi ?
Parce que c’est là la seule façon de faire revenir à notre conscience ce qui s’est incarné par le symptôme. Si nous ne revivons pas cet instant, ce « Biochoc », nous ne pourrons jamais recontacter le sens biologique de la maladie. Il s’agit dans notre approche de ressentir ce que nous avons une première fois senti inconsciemment, à notre insu.
Le Bio-choc est un moment de rencontre entre le monde extérieur et notre monde intérieur. Et cette rencontre produit soit une satisfaction, soit une insatisfaction. Ces deux réactions nous sont perceptibles grâce aux émotions. L’émotion est la trace consciente d’une activité interne, c’est l’indice d’une fonction biologique satisfaite ou non. Nous avons mangé, nous nous sentons repus, comblés. Si ce n’est pas le cas, nous sommes frustrés, en colère, en manque. Nous avons bien dormi, nous nous sentons détendus, frais. Tout autour de nous assure notre sécurité, nous nous sentons paisibles et notre comportement s’ensuit : nous nous détendons. Mais si l’environnement est hostile, alors la peur surgit du profond de nous afin de nous mettre sur le qui-vive puis de nous permettre de retrouver la sécurité.
L’émotion apparaît toujours en un instant, de façon involontaire, incontrôlée et adaptée à une situation extérieure. Elle est située dans notre corps de façon précise (chaleur au ventre, tension de la gorge, poids sur les épaules, vide dans les jambes, picotement aux mains, etc.).
L’émotion alors, est-elle notre amie ?…
Pour y répondre laissez-moi vous demander :
quelle est la plus puissante des énergies ?
C’est à mon sens l’émotion. L’émotion est notre carburant, l’essence même de notre vie, notre combustible de base. L’émotion seule nous permet d’avancer, nous donne envie de nous lever le matin, d’agir, nous fait poser des choix et aller dans la direction qui nous convient. L’émotion provoque rencontre ou évitement, elle est à l’origine de toutes nos décisions impulsives.
Dites-moi quelle serait votre vie sans émotions ?
C’est l’émotion de plaisir qui nous pousse à choisir un plat au restaurant. Observez-vous ! Sans émotions, pourquoi aller à telle soirée, vers tel collègue ? L’idée d’une lecture comme d’une rencontre crée – par anticipation – en vos entrailles joie ou répulsion, en fonction de quoi vous achèterez le livre ou pas, vous irez vers l’autre ou non. Parfois, c’est de ne pas se rendre à telle réunion qui crée le mal-être, la culpabilité. Et pour éviter ceux-ci, vous acceptez la réunion car l’émotion de l’ennui sera moindre que celle de la culpabilité,
par exemple.
Il est ainsi deux moteurs :
– aller vers (ou maintenir) une émotion positive ;
– s’éloigner de (ou éliminer) une émotion négative.
Oui, que feriez-vous sans le moteur émotionnel ?
Que vous en soyez conscient ou pas ne change rien à l’affaire. Dites-moi : quel acte de notre vie, ou quelle attitude, est engendré hors émotion ? Peut-on vraiment agir de sang-froid ?
Il est aisé de prêter à nos cousins animaux le même mouvement interne, une vie émotionnelle. Désir de se repaître, de trouver gîte, et lorsque l’imprégnation hormonale est à son comble, que dire de cet élan qui pousse les mâles à surveiller le cheptel des femelles ou à le convoiter, ou encore à se battre ? Cette peur encore, lorsque surgit le prédateur. Certains, des plus audacieux, iront jusqu’à prêter une forme d’émotion au règne végétal. Il suffit de s’entendre sur ce que recouvre le terme émotion.
Les émotions traduisent au niveau conscient ce qui se vit au niveau biologique cellulaire, car l’émotion a pour fonction de transmettre au conscient une fonction biologique satisfaite (comblé, repu, soulagé…), ou insatisfaite (agressé, frustré, affamé…).
C’est en ce sens que je crois que « l’émotion est l’essence qui fait tourner le moteur ».
Regardez autour de vous ! Regardez en vous ! Sans émotion, pas de vie.
Sans vie, pas d’émotion. C’est, à la fois, le bien le plus précieux et le plus négligé, renié, refoulé, minimisé, diabolisé. Synonyme de faiblesse, il est réservé aux professionnels de l’émotion, aux artistes de tous poils, aux romantiques, aux troubadours, aux cinéastes, aux musiciens… Car, pour les adultes sérieux, cela n’est pas raisonnable de s’émouvoir en société, de se répandre, alors cela se fait par procuration.
Nous allons au spectacle et là, nous regardons sangloter l’artiste, nous assistons au drame, à sa colère, nous le laissons exprimer ce qui nous tourmente aux entrailles, nous lui confions ce que nous ne savons plus dire, nous dire. C’est affligeant, triste à pleurer et si dommage. Un vrai gâchis. J’en ai le coeur qui se fend en deux et la bave qui, de rage, me monte aux lèvres et, dans l’âme, une mélancolie s’épaissit comme une brume d’automne sur le port de Londres.
Car c’est ce qui nous fait vivre qui nous fait mourir par défaut.
Oui, dire que c’est ce qui nous fait plaisir, qui nous fait souffrir par défaut. Si la spiritualité, la cuisine ou le sport vous font vibrer et donnent à eux seuls le sens de votre vie, le jour où vous en serez privé, viendra au fond de vous l’émotionnelle
question : pourquoi continuer de vivre ?
Si ce qui est à la source de tous vos plaisirs (comme par exemple le sexe, la culture, la vie de famille) vient à manquer, combien souffrirez-vous d’avoir eu ce lien comme source de plaisir ?